Soutenir les luttes paysannes en Afrique de l'Ouest | Land Portal

Date: 14 avril 2016


Source: oxfamblogs.org


En ce 17 avril, CULTIVONS* en Afrique de l’Ouest se joint au mouvement global pour soutenir les luttes paysannes à travers le monde répondant à l’appel de Via Campesina**. Pour CULTIVONS, la priorité reste et demeure toujours la défense des exploitants familiaux tant de l’agriculture que de l’élevage dans la région, et la promotion des fruits de leur labeur afin de faire du slogan « produisons local, consommons local » une réalité de la transformation agricole de la région. En Afrique de l’Ouest, il y a de multiples défis auquel le monde paysan doit faire face pour rendre la région solide et résiliente en termes d’agriculture et alimentation, et pour ce faire transformer l’agriculture familiale. Croissance démographie plus rapide que l’augmentation de la production, nécessité d’adaptation au changement du climat, dynamisation du commerce régional, accès aux financements publics et au crédit, pourcentage des budgets nationaux et régionaux dédié à l’agriculture, complémentarité voire le partenariat avec le secteur privé, accaparement des terres… Mais en 2016, pour CULTIVONS, la promotion de l’agriculture familiale dans la région passe par trois combats majeurs sur lesquels il est temps que la CEDEAO, ses Etats Membres et toutes les parties prenantes pèsent plus et mieux de tout son poids pour passer des paroles aux actes.


Le premier combat concerne les définition et mise en œuvre de la deuxième génération des plans nationaux/régional d’investissement pour l’agriculture et la sécurité alimentaire (PNIA/PRIA) favorables à l’agriculture familiale, avec une meilleure prise en compte du secteur de l’élevage. Cette année les pays de la région et la région elle-même vont devoir réviser leurs plans d’investissement pour l’agriculture pour arriver à des plans qui permettent de respecter les engagements de Malabo, « la croissance et la transformation accélérés de l’agriculture africaine pour une prospérité partagée et l’amélioration des moyens d’existence » et ceux de l’initiative « Faim Zéro », tout en appliquant les résultats de la révision en 2015 d’ECOWAP10. « Nous, les femmes rurales, demandons un accès au crédit qui nous permette développer notre exploitation agricole ou pastorale afin de répondre aux besoins de nos familles et communautés. Nous demandons aux décideurs politiques, mais aussi aux organisations financières et aux bailleurs de mettre en place des produits spécifiques et adaptés à nous, les femmes! », déclare Hadiza Kindo, Présidente Groupement Potal de Mooriben, membre de CULTIVONS au Niger. Oui, travaillons ensemble à investir plus et mieux dans l’agriculture familiale !


 


Le deuxième combat concerne la mise en œuvre des réserves alimentaires dans leurs trois niveaux de défense. Finalement, la Réserve Régionale de Sécurité Alimentaire a commencé ses activités à travers de l’Agence Régionale pour l’Agriculture et l’Alimentation (ARAA). C’est le moment de continuer les efforts pour l’installation de cet outil nécessaire pour la sécurité alimentaire dans la région, mais aussi d’augmenter ses capacité et vitesse de réponse et d’intégration des autres deux niveaux, les réserves nationales et les stocks de proximité. « Les stocks de proximité nous aident à affronter les difficultés de la soudure et à gagner plus d’argent avec la commercialisation. Mais les gouvernements doivent nous appuyer plus comme première ligne de défense et surtout coordonner avec nous les autres initiatives d’aide alimentaire », dit Aissata Hamady Diop, membre du comité de Gestion Tostan de Haere Mbare, en Mauritanie. Oui, travaillons ensemble à construire des réserves alimentaires pour assurer Faim Zéro !


 


Le troisième combat clé pour l’AFO relève de la promotion dans les réformes foncières en cours dans les pays de la région de mesures volontaristes d’accès aux terres pour les femmes rurales afin d’établir un accès équitable à la terre dans la région. Pour orienter ces réformes dans  cette direction, il serait bon que les institutions régionales, plutôt que d’observer, encouragent les pays de la région dans ce sens, s’il le faut même en prenant une initiative! Si une directive communautaire ambitieuse n’est pas la meilleure option, cela peut passer par du conseil aux pays pour harmoniser les réformes en cours en veillant à inclure « in extenso » par exemple les principes des lignes directrices de l’UA et de la FAO, ou encore les indicateurs de l’Objectif du Développement Durable relatif au foncier. « Comment voulez-vous qu’on investisse ou qu’on développe le maraîchage sur des terres qui ne nous appartiennent pas ? C’est pourquoi au Burkina Faso, nous revendiquons un accès légal de 30% aux terres aménagées et parcelles hydro-agricoles pour nous, les femmes, et nous encourageons les femmes des autres pays de la région à demander de même. » déclare Sanou Madiara, femme spécialisée en production et transformation végétale du Burkina Faso.  Oui, travaillons ensemble à assurer un accès équitable au foncier pour les femmes rurales !


 


Tout cela se passe évidemment à tous les échelons dans la région, du niveau de chacun des pays au niveau global quand il s’agit des acteurs institutionnels tels que FAO, UE, USAID ou BM, en passant par le niveau régional avec la CEDEAO, UEMOA et autres instituions régionales. Nous en appelons à une meilleure coordination et à plus de cohérence entre toutes les parties prenantes pour tendre vers une région où l’agriculture familiale est mieux défendue. En 2016, cela passera évidemment par 4 dossiers clés : 1) la mise en œuvre effective d’ECOWAP10, 2) la première évaluation après deux ans des performances de la région au regard de la déclaration de Malabo, 3) les plans de développement nationaux pour l’implémentation des Objectifs de Développement Durable, et enfin 4) les initiatives de protection sociale à travers l’espace CEDEAO. Enfin, comme la réalité des femmes rurales dans la région reste très en retrait sur l’accès au foncier et aux ressources productives, CULTIVONS en Afrique de l’Ouest appuiera une grande mobilisation #MaTerreMaVie les 15-16 octobre prochain afin que les femmes rurales puissent planter leurs droits au sommet de l’agenda régional !


 


Voilà pourquoi dans la cadre de la journée internationale des #LuttesPaysannes, CULTIVONS et tous ses partenaires s’engagent à redoubler de vigilance et à faire les sentinelles pour s’assurer que le chemin emprunté par la CEDEAO, ses Etats Membres et l’ensemble des parties prenantes ne s’écartent pas de l’objectif de transformation qualitative de l’agriculture familiale, de l’éradication de la faim et de l’amélioration des conditions de vie des communautés rurales ouest-africaines!


 

Partagez cette page