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En Côte d’Ivoire post-coloniale, de nombreux projets de développement ont été mis en place dans le cadre de l’aménagement du territoire, dont l’Autorité pour l’Aménagement de la Vallée du Bandama (AVB). Il a contribué à l’augmentation de la production énergétique nationale et au développement de la pêche. Mais, ce projet de grande envergure a contraint les villages riverains à un déplacement forcé. Les populations ont reçu en retour la construction d’habitats modernes et des lopins de terre négociés auprès de villages d’accueil. Aujourd’hui, plus de cinquante ans après, la pression foncière est devenue forte sur les terres d’accueil alors que de vastes portions ont été épargnées de l’extension du fleuve. On assiste alors à un retour progressif des déplacés sur ces anciens sites de leurs ancêtres. Dans le département de Béoumi, le retour de ceux de Niambrun, d’Assakra et de Yobouêzoué est rendu difficile par la présence d’une élite urbaine, qui occupe un domaine de plus de 2500 ha. Cette occupation, considérée par les populations comme un accaparement, date pourtant des années 1980 et dont l’immatriculation foncière est entravée par des interdictions de l’État et l’opposition des populations. Que dit l’État à propos de ces terres supposées vacantes et considérées comme des espaces non propices à l’installation humaine au moment du déplacement ?L’objectif de ce papier est donc d’analyser les conflits entre acteurs en lien avec la politique foncière de l’État autour du déplacement des années 1970. L’étude, qui repose sur une enquête par guide d’entretien auprès d’autorités administratives, de l’élite urbaine, de chefs de villages et de focus groups dans les trois villages, révèle en effet des faiblesses dans la politique foncière de l’État depuis le projet AVB jusqu’à ce jour.