Quel modèle de développement durable en Afrique : le cas de la Mauritanie
Conférence tenue le 23 mars 2022à Nouakchott, organisée par la HAPA (Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel)
Intervention d’Ibrahim Thiaw, Secrétaire général adjoint des Nations Unies et Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification
Quoi de plus intimidant pour un expatrié qui a passé ces trente dernières années à pérégriner à travers le monde, que de devoir parler du développement durable en Mauritanie devant un tel parterre de personnalités et de spécialistes ? Déconnectés. Ne connaissant plus les réalités du pays….autant de qualificatifs dont on nous affuble à nous, émigrés.
Aussi, beaucoup d’amis dans cette salle s’attendront-ils à ce que je leur parle des questions environnementales. Je peux le comprendre. Et j’espère que vous ne serez pas totalement déçus. Pour autant, vous me permettrez de placer ces questions environnementales dans un contexte, plus large, du développement durable. Autour de la triptyque environnement-économie-société, plutôt que nous installer dans le confort de l’entre-soi d’experts. Non, je ne parlerais ni de sylviculture, ni de botanique, encore moins de dendrologie.
Certains de mes amis estiment que je suis habité par un optimiste obstiné. Je ne suis pas loin de le leur concéder. Optimiste probablement; réaliste et pragmatique certainement. Ainsi, mon curseur se situe souvent plutôt à gauche, qu’à droite de l’icône. En d’autres termes, je vois plus le verre à moitié plein qu’à moitié vide.
Par exemple : alors que la majorité de mes amis africains se plaignent de la pauvreté de notre continent, je m’époumone à faire comprendre que l’Afrique est « pauvre dans sa richesse».
Similairement, lorsque mes compatriotes se plaignent du fait que la Mauritanie est située en plein Sahara, je m’épuise à répéter que la Mauritanie n’est pas déserte, quoique, il est vrai, elle s’est vite désertifiée.
La nuance se situe dans la posture que l’on adopte. Dire que l’Afrique est pauvre, ou que la Mauritanie est déserte, ressemble à des raccourcis. L’Afrique ne gère certes pas de façon optimale ses ressources, mais elle est riche. J’ai la naïveté de croire que l’Afrique décollera lorsqu’elle cessera d’être la carrière des autres.
Le jour où les africains géreront eux-mêmes (et mieux) leurs richesses naturelles, le continuent décollera économiquement. Très vite. Et ce serait au bénéfice du monde entier et non plus seulement d’un nombre restreint de pays, d’oligarques ou de corporations.
De même, dire que la Mauritanie est un désert relève d’une quasi-lapalissade. La vraie question, à mes yeux, est de savoir quand et comment les Mauritaniens jouiront pleinement de leurs richesses et géreront l’immense potentiel du pays.
Les atouts suivants me viennent à l’esprit, à chaque fois que je pense à mon pays :
Sa géographie : La Mauritanie a cette chance inouïe d’avoir une position géostratégique exceptionnelle qui la situe au carrefour de plusieurs ensembles ; non seulement l’Afrique et le Moyen Orient, mais aussi, dans une certaine mesure, l’Europe. Il faut scruter les voies maritimes, terrestres et aériennes, pour s’en convaincre.
Source d’énergie potentielle pour l’Europe (bien sûr après avoir satisfait ses propres besoins): par pipeline, par câble ou par bateau. La guerre actuelle en Europe montre à quel point le vieux continent a besoin de diversifier ses sources d’approvisionnement en énergie.
La Mauritanie devrait donc adopter une posture volontariste, plutôt que de pâtir, ou pâlir, de sa position ou de son positionnement.
Sa géologie : les richesses du sol, sous-sol, des fonds marins sont exceptionnelles : minéraux, hydrocarbures, etc. Il est probable que les découvertes actuelles ne soient que le sommet de l’iceberg des richesses. En dehors des explorations d’hydrocarbures, nos fonds marins et notre plateau continental national ne sont pas encore explorés.
Pédologie : sols, plaines inondables, non seulement dans la vallée, mais aussi du côté des oasis. Notre terre peut nourrir son peuple. La Mauritanie peut -doit- atteindre sa souveraineté alimentaire. Pour y arriver, de profondes réformes sont nécessaires. Commençant par mettre de l’ordre sur le foncier. Le foncier rural (comme le foncier urbain) mérite une attention particulière; il semble y avoir une distance entre le discours officiel, la réponse institutionnelle et le système judiciaire. Il serait utile de garantir la sécurité des paysans tout en rassurant les investisseurs nationaux et internationaux. Il convient également de renforcer les structures d’encadrement des paysans et des éleveurs.
A ce titre, notant la vocation pastorale du pays, nous plaidons pour une meilleure valorisation des filières des produits et sous-produits animaux. Promouvoir la création des chaînes de valeur dans ce secteur et promouvoir les investissements privés (nationaux et étrangers).
Comparés à d’autres pays à vocation pastorale, il semble que les Mauritaniens n’investissent pas assez sur la gestion et la transformation des produits de l’élevage; un secteur qui reste encore sous-valorisé, parce que économiquement sous-apprécié.
Pas besoin d’insister sur les ressources halieutiques, sauf pour rappeler que les côtes mauritaniennes sont aussi riches que fragiles. Leur surveillance mérite d’être renforcée. Plusieurs études scientifiques, y compris par d’excellents chercheurs mauritaniens, pointent vers des risques de sur-exploitation ou de pollution. Les pertes dues aux prises accessoires (by-catch) ou les transformations des petits pélagiques en farine de poisson, farine destinée semble-t-il à la nourriture animale, sont autant de tonnes de protéines qui auraient pu alimenter des Mauritaniens.
Entre creuser son appétit pour les produits fossiles et maintenir la santé des écosystèmes marins, il y a un équilibre à trouver pour jouir d’une nouvelle rente sans tuer la poule aux œufs d’or.
Mention spéciale aux énormes gisements énergétiques : de l’énergie propre et renouvelable, dont les coûts sont de plus en plus accessibles : d’abord le solaire et l’éolien. Et maintenant l’hydrogène vert. Il est réconfortant de voir que la Mauritanie se positionne en peloton de tête, au niveau mondial, sur cette énergie du futur. La Mauritanie doit tout faire pour garder son siège dans la locomotive motrice.
Que dire des gisements de sable ? Le monde connaît une pénurie de sable. Bien entendu, c’est d’abord le sable de construction. Cependant, avec les Accords de Paris sur le climat, le monde doit revenir à des matériaux de construction plus sobre en carbone. Les matériaux locaux, dont le sable, offrent des perspectives très intéressantes. En Chine par exemple, le sable (sous toutes ses textures) est transformé en carreaux, en agglomérés pour la construction ou comme susbstrats de production agricole.
Enfin, un mot sur le Capital Humain. Parler du Capital humain en Mauritanie peut-être contre-intuitif. Tant les écoles de formation professionnelle sont encore peu développées. Il faut cependant apprécier à sa juste valeur la qualité de l’encadrement communautaire dans la formation de petits entrepreneurs. Ils opèrent certes dans le secteur informel. Mais ils font du business.
A-t-on jamais cherché à valoriser l’esprit entrepreneurial de ce peuple qui se distingue un peu partout dans le monde pour son sérieux, son honnêteté et sa grande capacité d’intégration sociale ? J’ai rencontré des commercçants mauritaniens jusque dans les villages reculés, sous la forêt dense humide du bassin du Congo.
L’on citait jadis la Mauritanie comme « le pays au million de poètes ». Désormais, on doit peut-être parler du pays au million d’entrepreneurs ! Et si la Mauritanie devenait ce pays de service, à cheval entre l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest, valorisant ainsi toutes ces petites mains qui génèrent de la richesse pour le pays ? Et si l’Etat avait une politique ouverte de professionnalisation progressive de tels services ? De valorisation et de canalisation de l’énergie de cette jeunesse, majorité démographique, si entreprenante? Qu’avons-nous à apprendre des Émirats Arabes Unis, des Philippines ou de Singapour ?
Chers amis,
Parlons, encore et encore des potentialités de développement en Afrique et en Mauritanie, avec comme fondements cette triptyque : ressources naturelles, capital naturel et capital humain.
Vu les contraintes de temps, je ferais quasi-abstraction du contexte mondial, et survolerais très brièvement le continent africain. Nous reviendrons sur le contexte mondial, si vous le souhaitez, pendant nos débats. Je m’appesantirais davantage sur notre pays, ce qui intéresse probablement plus notre audience d’aujourd’hui.
Les importants progrès économiques réalisés dans le monde au cours des cent dernières années ont été obtenus à un prix fort : celui de la destruction des milieux naturels ; celui de la pollution. Le niveau de développement de certains pays est directement proportionnel à l’état de destruction de leur milieu naturel.
Au point que nous avons rendu notre planète malade: malade de ses forêts détruites ; malade de ses terres dégradées (trois hectares sur quatre des terres émergées sont déjà affectées par l’Homme); malade de son air pollué (7 millions de morts par an ; bien plus que le COVID n’a tué en 2 ans); malade de ses cours d’eau souillées; malade de ses villes mal plannifiées et surpeuplées; malade des océans pollués et des écosystèmes marins surexploités; malade des grandes inégalités et des innombrables injustices dans le monde.
L’Afrique a connu la croissance économique la moins significative, pendant la même période. Sortie de la colonisation politique, son présent ne s’est jamais débarrassé des conséquences de son passé récent. Ses élites ne l’ont pas encore sortie de l’ornière, malgré, dans certains cas, des efforts héroïques. Les goulets aux pieds tiennent encore, agrippés sur des piquets insensibles aux détecteurs à métaux. Une rupture est inévitable. L’Afrique réussira son développement, à condition qu’elle s’adosse à ses ressources naturelles.
Le décollage de l’aéronef Afrique se fera au carburant vert, ou ne se fera pas. Je pense aux forêts du bassin du Congo. Je pense aux énormes richesses halieutiques des courants des Canaries et du golfe de Guinée, du courant de Benguela et du courant de Somali, entre autres Grands Écosystèmes Marins d’Afrique. Je pense aussi à la place du secteur primaire dans l’économie du continent : l’Afrique demeure, à ce titre, la grande pourvoyeuse mondiale de matières premières.
Je pense au secteur touristique qui, en Afrique de l’Est et en Afrique australe notamment, dépend fortement des espaces et des espèces. Dans les grands pays de Safari, on parle des Big Five ; des Small Five ; des Ugly Five, une façon ludique de familiariser les touristes avec les espèces animales …Cette classification populaire n’est autre que le reflet de la richesse de la biodiversité du continent.
L’on pourrait y ajouter, pour compléter le tableau des richesses de l’Afrique, les industries extractives qui constituent la moelle épinière de plusieurs pays du continent.
Pour que l’Afrique puisse atteindre les objectifs du développement durable, plusieurs réformes semblent nécessaires : je citerais trois réformes qui me semblent nécessaires, assorties de quatre conditionalités.
i. Énergie (ODD 7) : aujourd’hui, plus de 650 millions d’africains n’ont simplement pas accès à l’électricité. Sans énergie, les agriculteurs africains produisent péniblement pour perdre jusqu’à 40% des produits périssables : (lait, viande, poissons, fruits et légumes)….Réduire les pertes après récoltes, c’est assurer la sécurité et la souveraineté alimentaires.
Désormais, l’Afrique doit miser plus sur les énergies renouvelables et sur les réseaux électriques décentralisés, plus que sur les énergies fossiles et un réseau de distribution vétuste. En d’autres termes, transformer l’énergie « négative » (celle qui détruit les aliments) en une énergie positive (celle qui la conserve). L’énergie c’est aussi la transformation des produits, c’est la création emplois, la santé et l’éducation.
La Mauritanie développe des projets extrêmement prometteurs dans ce domaine : solaire, hydrogène vert etc…On peut même aller plus loin, en investissant davantage sur l’énergie de développement, et non pas seulement sur l’électrification, l’éclairage. Ceci implique des tarifs différenciés pour les PME ou même des feed-in tarrif, ce qui encouragerait la génération d’énergie par des privés.
ii. La transformation locale des produits (ODD 9) : industrialisation, PME: n’est-il pas temps d’arrêter d’exporter toutes les matières premières en produits crus? N’est-ce pas le temps de créer des chaînes de valeurs ? Des emplois qualifiés ? L’Afrique des PME ; l’industrialisation progressive, avec d’ailleurs une énergie propre, l’Afrique servirait de modèle de ce qu’est une industrialisation sobre en carbone. Une Afrique forte économiquement rassurerait les marchés ; limitera l’immigration irrégulière et renforcera la paix et la sécurité dans le monde.
En Mauritanie, l’on peut citer l’exemple des produits du secteur primaire. Avec l’énergie, nous pourrons envisager le débarquement et le conditionnement des poissons ; ou la conservation, voire la transformation des produits agricoles. Une approche qui devrait également s’appliquer au secteur des mines.
La construction d’abattoirs (frigorifiés) modernes donnera une plus grande valeur ajoutée à notre viande «bio et halal», un double label sur le marché international.
iii. Production et consommation durables (ODD 12) : l’exploitation des ressources (au sens de l’exploitation minière) n’est pas durable. Plutôt, il faut gérer les ressources. Maîtriser les chaînes de production, de transformation et de distribution.
L’approche linéaire : extraction-production, utilisation et rejet (déchets) doit être revue pour progressivement passer à l’économie circulaire. Production-utilisation-production de nouveau. Une telle approche est moins destructrice, plus responsable, plus économique et plus sociale.
Il y a lieu cependant matérialiser certains préalables. J’en viens aux quatre conditionalités citées plus haut:
a. Capital humain (éducation et formation d’un personnel): notre population est jeune et ambitieuse. Elle est assoiffée de progrès. La jeunesse africaine (majorité démographique absolue) demande à être mieux encadrée. Plus d’un million de jeunes sortent chaque année des universités africaines. Cette jeunesse, elle a des aspirations profondes, de progrès et de prospérité. Elle a accès aux médias sociaux et à des chaines de télévision qui exhibent, en gros plans, les progrès des autres, comme pour la narguer.
Parlant de capital humain et de jeunes, je ne peux m’empêcher, en tant qu’expatrié, d’en dire un mot sur la diasporamauritanienne. Beaucoup de nos compatriotes à l’étranger se sentent, à tort ou à raison, peu considérés. Il est peut-être bon de se demander pourquoi des milliers de nos jeunes cadres brillent à l’étranger, mais sont peu valorisés au pays. Les initiatives comme l’instauration de la double nationalité, ou le forum de la diaspora en cours de préparation, sont à encourager et à accélérer.
b. Bonne gouvernance : Justice, démocratie. Des efforts importants sont en cours. Mais ce domaine reste peut-être celui où, notre pays, en toute humilité, à encore beaucoup à apprendre.
De Praia à Port Louis, de Gaborone à Kigali. Aucun pays n’est parfait, mais le Cap Vert, Maurice, le Botswana ou le Rwanda sont souvent cités en bons exemples, en Afrique.
c. Gestion responsable des milieux naturels : nos milieux sont productifs mais particulièrement fragiles. Nous avons la chance d’avoir des fonds marins exceptionnellement riches. D’avoir un océan continental (le Sahara) qui plonge dans l’Océan atlantique. Des courants marins favorables à la production marine. Ces vingt dernières années, certains de ces milieux sont mis à rude épreuve. Les alertes des scientifiques (relayées par les ONG) méritent d’être examinées de près, et des mesures conservatoires prises, pour éviter d’atteindre un point de non-retour, comme c’est déjà le cas pour nos milieux terrestres.
En effet, par rapport aux écosystèmes terrestres, nous n’avons plus qu’à recoller nos morceaux. La dégradation des terres, comme une gangrène, a déjà atteint l’ensemble du territoire national. Celui-ci est scarifié dans sa totalité. Avec des égratignures plus ou moins profondes en fonction des zones agro-écologiques. Il nous faut donc recoller les morceaux. Restaurer les terres qui sont encore aptes à être reconquises pour la production. Parcelle par parcelle, hectare par hectare : dans les oasis et les zones de pâturage.
La vallée du fleuve Sénégal a été particulièrement éprouvée, du fait peut-être de ce faux sentiment que nous y avons encore des «forêts».
Au cours des trente dernières années, la gestion foncière a été approximative, avec des aménagements hasardeux, contribuant ainsi à accélérer la dégradation des terres. Heureusement, les eaux du fleuve coulent encore, et que certaines de nos nappes souterraines demeurent vives. Il convient de gérer ces dernières avec parcimonie.
Preuve que nos ressources terrestres sont durement éprouvées : la faune de Mauritanie se conjugue désormais au passé.
La dégradation des terres entraine une perte de production agricole. Elle entraine une lente et viscieuse saignée économique. Lorsque la désertification est combinée aux sécheresses, ce qui est de plus en plus le cas, du fait des variations climatiques, cela peut entraîner des conséquences lourdes et douloureuses. Sur l’économique, le social et l’environnemental. Rien, ou presque, ne résiste aux bourrasques de feux de brousse et de vents de sable.
Aucun pays, riche ou pauvre, n’est épargné par la sécheresse. Ni les Etats-Unis, ni le Mexique, ni la Russie, ni la Chine, encore moins les pays du Golfe. La sécheresse n’a de scrupule ni pour l’Espagne, ni pour le Kenya, la Colifornie (US), le Xinjian (Chine) ou la Tchétchénie (Russie).
Cela dit, la dégradation des terres n’est pas irréversible, loin s’en faut. Techniquement, l’approche est bien maîtrisée. On peut rendre sa santé à la terre, en la rendant de nouveau productive. Des milliards d’hectares de terre s’y prêtent au niveau mondial. L’Afrique a perdu 65% de ses terres arables depuis 1950. Entre temps, elle a produit plus d’un milliard de bouches supplémentaires à nourrir. En effet, entre 1950 et 2020, la population a cru de près de 600%. C’est un énorme défit. La démographie marche plus vite que la croissance économique. C’est une situation profondément conflictogène. Nous en voyons quelques manifestations avec le cumul des crises alimentaires, sécuritaires et politiques qui destablisent plusieurs Etats du Sahel.
Cependant, il faut aussi dire que ce continent présente de belles opportunités de faire muer, de faire muter des espaces aujourd’hui inutilisables, en terres de rendement, de protection de la biodiversité ou d’accumulation de carbone, solution idéale pour lutter contre le changement climatique.
Ainsi, des programmes comme ceux de la Grande Muraille Verte du Sahel sont un bon exemple. La Mauritanie est un des onze pays fondateurs du plus vaste programme de restauration des terres en Afrique, et abrite le siège régional de l’Agence à Nouakchott. Des financements sans précédents, de 19 milliards de dollars US, sont annoncés, au profit des onze pays, par plusieurs partenaires financiers. La Mauritanie doit maintenant assurer et assumer sa part dans l’exécution.
d. Autre conditionalité essentielle pour des changements profonds : Améliorer le climat des affaires :
En 2020, la Mauritanie occupait la 152e place, sur 192 économies évaluées dans le rapport Doing Business de la Banque mondiale. Sur les onze indicateurs, le plus haut classement de notre pays (92.2/100) concerne le démarrage d’un business. Pour la résolution de différends, notre pays récolte la plus basse note possible (0/100).
Des progrès remarquables sont notés tout récemment, avec notamment la création d’une entité spécialisée pour la promotion des investissements en Mauritanie. Cela doit être encouragé, avec notamment des réformes judiciaires nécessaires pour sécuriser les investissements (à la fois pour les nationaux que pour les étrangers).
C’est le sens de l’Objectif 16 des Objectifs du Développement Durable (Paix et Justice), condition sine qua non de tout développement. L’application des contrats, prévenir la corruption et les flux illicites de capitaux, résolution des différends, représentation équitable dans les institutions publiques etc.
En conclusion:
La Mauritanie (l’Afrique d’une manière générale) doit faire face à de multiples défis. La pandémie COVID-19 et la guerre courante en Europe vont apporter leurs lots de désolation pour la nourriture et l’énergie en particulier. Selon les données de la CNUCED, près de la moitié du blé importé par la Mauritanie provient de l’Ukraine et de la Russie. Beaucoup de pays, comme c’est sûrement le cas chez nous, tirent des leçons de ces enjeux, par rapport à leurs chaînes d’approvisionnement.
Tout en étant préparés à affronter l’adversité de la nature, les mauritaniens doivent aussi réaliser qu’ils sont dotés de beaucoup de ressources. En tout état de cause, l’état d’esprit doit être de vouloir transformer les défis en opportunités.
Beaucoup de soleil ? On peut se plaindre de la chaleur torride, ou chercher à la transformer en chaîne de froid.
Beaucoup de vent ? : Justement, en combinant le solaire et l’éolien, on tire son épingle du jeu énergétique.
Côtes poissonneuses? Quand envisage-t-on arrêter de signer des accords d’une pêche extractive, dont les chaînes de valeur sont tenues ailleurs ?
Terres arables? Pouvons-nous passer des conflits fonciers à la valorisation concertée des terres, avec des plans d’aménagement bien pensés afin que la Mauritanie puisse enfin assurer sa souveraineté et sa sécurité alimentaires!
Industries extractives : les explorateurs se bousculent à la porte? La Mauritanie continuera-t-elle à être la carrière des autres ? Ou voudra-t-elle créer les chaînes de valeur, à l’instar du Botswana?
Alors, chers amis : maintenant, vous avez le choix de voir votre verre à moitié vide, ou à moitié plein.
Je vous remercie.
Conférence tenue le 23 mars 2022à Nouakchott, organisée par la HAPA (Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel)
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