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Biblioteca Conservation communautaire au Cameroun

Conservation communautaire au Cameroun

Conservation communautaire au Cameroun
Enjeux, défis et perspectives analysés à partir du cadre juridique national, des pratiques et de la perception des acteurs

Depuis les années 1980, les efforts de conservation dans les pays en développement ont tenté de concilier les objectifs de la biologie de conservation et le développement social. Les approches sont multiples. Cependant la conservation intégrée construite autour des aires protégées reste le modèle le plus soutenu par les politiques et les stratégies des pays (Busquet, 2006 ; Clarke, 2019).

Il existe une variété d’approches de conservation intégrée bien qu’elles aient en commun l’objectif de concilier conservation et développement. Elles supposent dans certains cas l’implication des communautés locales en tant que parties prenantes actives et/ou la dévolution par les gouvernements du contrôle sur les ressources naturelles aux communautés et autres acteurs (Brooks et al, 2013). Toutefois, d’autres courants de conservation se développent ; faisant émerger le modèle d’après lequel le maintien de la biodiversité se construit en mettant en place des mesures et moyens pour permettre à ceux qui, par leurs pratiques, ont, depuis plusieurs générations, conservé la biodiversité des espaces de façon naturelle, de continuer à protéger celle-ci. Des recherches et expériences démontrent de plus en plus que la conservation communautaire est plus efficace à long terme pour la biodiversité et aussi sur le plan socio-économique (Dawson et al., 2021).

Depuis l’adhésion aux conventions de Rio3, le Cameroun a adopté de nombreux textes en faveur de la participation des communautés locales et autochtones à la gestion durable des ressources naturelles et/ou à la conservation communautaire notamment : la loi n°96/12 du 5 aout 1996 portant loi cadre relative à la gestion de l’environnement, la loi n°94/01 du 20 janvier portant régime des forêts, de la faune et de la pêche et la loi 2011/008 du 06 mai 2011 portant d’orientation pour l’aménagement et le développement durables et leurs décrets d’application pour ne citer que ceux-ci. Au plan stratégique, en marge des textes, ces dernières années, l’administration camerounaise, en collaboration avec le Fonds Mondial pour la Nature pour la nature (WWF), a négocié des protocoles d’accord (MoU) avec les communautés Baka concernées par un certain nombre d’aires protégées. Ces accords visent à garantir que les peuples autochtones Baka conservent ou retrouvent l’accès à leurs terres et ressources dans les aires protégées aux fins de leurs activités traditionnelles et de leur utilisation durable (Clarke, 2019). En effet, comme dans d’autres pays en développement, les programmes nationaux de conservation au Cameroun continuent de favoriser des approches de conservation de la biodiversité via la création d’aires protégées bien que leur création implique, pour les peuples autochtones (PA) des forêts, l’expulsion et/ou la privation d’accès aux ressources, avec des conséquences désastreuses (Clarke, 2019).

La richesse de la biodiversité des écosystèmes forestiers camerounais est reconnue au plan mondial. Ces écosystèmes abritent aussi des peuples qui y résident depuis plusieurs siècles, et dans bien de cas, ils ont su, par leurs usages, préserver les îlots de biodiversité au niveau communautaire malgré les défis et les pressions multiples.

Dans ce contexte, cette recherche propose d’une part d’analyser l’étendue de la prise en compte de la conservation communautaire par le cadre juridique (et les politiques) et la perception des acteurs en matière d’initiatives de conservation communautaire et d’autre part, de caractériser les pratiques de conservation communautaire au Cameroun. Cette étude s’inscrit dans le cadre du projet Keta, financé par l’Union Européen et mis en oeuvre par FPP et son partenaire camerounais, l’Association Okani, dans le sud-est du Cameroun. Keta signifie « rêve » en langue Baka.

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