Date: 11 novembre 2016
Source: Le Soleil
Par Ndiol Maka SECK
Les femmes poursuivent le combat pour la reconnaissance de leurs droits. Et lors du lancement d’une campagne de communication par Osiwa, il a été proposé la création de communautés villageoises paritaires pour que le plaidoyer en faveur de leur accès au foncier soit mieux entendu.
Malgré un cadre juridique et législatif propice, les femmes peinent toujours a accéder et à contrôler des terres qui sont, à la fois, des biens économiques et culturels. C’est pourquoi, la présidente du conseil d’administration d’Enda Tiers Monde, Mariam Sow, a proposé qu’à la prochaine réforme, des communautés villageoises paritaires soient mises sur pied. Ces cadres permettront aux femmes de pouvoir parler avec les marabouts, les chefs de villages et les notables, mais aussi de faire des propositions afin que les choses soient examinées au niveau communautaire.
« La terre est un bien culturel, donc un problème de communauté qui se règle à la base. Nous avons fait un travail important avec le Pr Moustapha Sourang, président de la commission nationale de réforme foncière. Mais, nous souhaitons qu’il s’inscrive dans la continuité. Aussi la commission doit-elle poursuive sa démarche participative pour que les outils de gouvernance foncière qui seront produits soient consensuels et permettent de sécuriser les populations, voire le gouvernement en charge du contrôle des investisseurs qui s’adonnent à la spéculation des terres qu’ils prennent», a estimé Mme Marième Sow.
Elle s’exprimait lors du lancement par Open society initiative for west africa (Osiwa) de la campagne « L'Affaire de tous : droits de la femme en Afrique de l'Ouest ». Cette activité de communication et de plaidoyer vise à mettre en lumière les droits de la femme, le rôle qu'elles jouent dans la société et l'importance d'exploiter pleinement leur potentiel pour le développement équitable en Afrique de l'Ouest et plus particulièrement au Sénégal. Selon Mme Sow, aujourd’hui beaucoup de multinationales lorgnent les terres du Sénégal. Ce serait dommage que ces terres échappent aux populations locales.
« Nous sommes arrivés à un consensus avec la commission dans un premier document de politique foncière. Aussi, la constitution et la loi sur le domaine national facilitent l’accès des femmes au foncier. Mais dans la réalité, ce n’est le cas. L’application des lois pose problème », s’est désolée Marième Sow. Pour sa part, le Dr Alpha Ba, enseignant-chercheur à l’Ecole nationale supérieure d’agriculture (Ensa) de Thiès, a précisé que « les femmes ne sont pas une catégorie à part. A l’en croire, si leur accès au foncier est difficile c’est parce qu’elles ont raté l’angle d’attaque de leur lutte. « Il fallait montrer que l’accès des femmes à la terre a un intérêt communautaire avant d’être un intérêt particulier », a-t-il souligné.
De son côté, le juriste Samba Barry a relevé qu’il y a des cas où les femmes ont eu accès à la terre comme dans le cadre des groupements. Selon lui, un problème de valorisation peut aussi se poser en cas d’accès au foncier puisque les femmes, surtout celles du monde, n’ont pas toujours les moyens pour mettre en valeur les terres. C’est pourquoi il a conseillé de travailler aussi pour l’amélioration des conditions économiques des femmes.