Une forêt a poussé sur des cailloux : au Niger, la Grande Muraille verte avance à petits pas | Land Portal

Ce projet pharaonique de l’Union africaine vise à restaurer 100 millions d’hectares de terres arides sur une bande de 8 000 km de long allant du Sénégal à Djibouti.

Au sol, des chèvres croquent des graines d’acacia, un arbuste aux redoutables épines : jadis paysage lunaire, le plateau de Simiri, ville située à une centaine de kilomètres au nord de Niamey, s’est transformé en un petit paradis pour la faune et la flore.

« Bienvenue sur le site de la Grande Muraille verte de Simiri, une petite forêt de plus de 25 hectares qui a poussé sur un terrain caillouteux ! », se félicite en accueillant l’AFP le capitaine Mouhamadou Souley, chef des services de lutte contre la désertification. Des termites s’enfoncent dans des galeries, on peut voir des empreintes d’écureuils et de perdrix, ainsi que des mantes religieuses accrochées aux arbres, où des nuées de sauterelles dévorent les feuillages.

La reforestation de l’hostile plateau de Simiri a débuté en 2013. Armés de pioches et de bêches, des villageois ont construit des digues en terre qui retiennent plus longtemps les eaux de pluie autour des jeunes arbres pour assurer leur croissance, même en cas de sécheresse. « Par là, nous avons déjà lancé des travaux d’extension de 65 autres hectares », montre du doigt le capitaine Souley.

Le retour des girafes

Pharaonique projet de l’Union africaine (UA), la Grande Muraille verte (GMV) vise à restaurer d’ici à 2030 quelque 100 millions d’hectares de terres arides en Afrique, sur une bande de 8 000 km de long allant du Sénégal à Djibouti en passant par la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Nigeria, le Tchad, le Soudan, l’Erythrée et l’Ethiopie.

La partie nigérienne de la GMV est essentiellement formée de Senegalia senegal (gommier blanc) et de Bauhinia rufescens, deux espèces très résistantes à la sécheresse pouvant culminer à douze mètres. « Leurs feuilles et graines sont riches en protéines pour le bétail », se réjouit Garba Moussa, paysan de Bani-Maté, un hameau proche du site : « Cuites ou séchées, nous les consommons aussi comme aliments de survie pendant les graves disettes. »

« Cet endroit était un paysage stérile, voilà qu’une petite forêt renaît par miracle ! », exulte Moussa Adamou, le maire de Simiri, qui note « le retour du gibier ». Désormais, même « les girafes » quittent leur lointain habitat de Kouré, au sud de Niamey, pour venir savourer les tendres feuilles d’acacia, affirme-t-il.

D’ici à 2030, le Niger, Etat aux trois quarts désertique, ambitionne de « reverdir » 3,6 millions d’hectares de terres sur 37,5 % de son immense territoire, selon le colonel Maïsharu Abdou, directeur général de l’agence de la GMV au Niger. Pour réaliser ce rêve, ce pays, l’un des plus pauvres au monde, a besoin de plus de 454 milliards de francs CFA (plus de 693 millions d’euros), selon lui. L’Union européenne (UE), l’Organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la Banque mondiale et des bailleurs de fonds bilatéraux ont déjà mis à la main à la poche.

« C’est une course de fond », estime le colonel Abdou. Après une décennie de travaux, « on a fait une première évaluation en 2020 et ce qui a été réalisé, c’est entre 8 et 12 % » de l’ensemble, révèle-t-il.

La menace djihadiste

En plus de stopper le désert, le projet est aussi axé sur l’accès à l’eau, à l’énergie solaire, ainsi que sur des volets socio-économiques : maraîchage, pisciculture, élevage bovin, fermes avicoles ; l’enjeu étant de fournir des emplois à une population minée par la pauvreté. Des ONG locales se sont lancées dans la bataille. « Nous allons reboiser 100 hectares dans six communes, nous avons nos pépinières et nous avons creusé des forages d’eau », explique Issa Garba, de l’organisation Jeunes volontaires pour l’environnement (JVE).

Cependant, les attaques djihadistes qui endeuillent plusieurs pays de la GMV risquent de compromettre la concrétisation de ce chantier gigantesque. « L’insécurité a porté un coup dur à sa réalisation. Tous les pays sont tournés vers la lutte contre l’insécurité », s’alarme Issa Garba. « Il y a des zones où les paysans ont peur de s’aventurer pour mener des actions de reboisement ou d’entretien des arbres », note de son côté Sani Yaou, un expert nigérien.

Au Niger, les zones forestières du sud ont déjà perdu un tiers de leur surface, pour ne plus représenter que 1 à 2 % du pays, d’après le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Les surfaces arables sont donc autant de trésors pour ce pays dont 80 % de la population vit d’une agriculture de subsistance. De 23 millions d’habitants en 2019, la population nigérienne doit passer à 30 millions en 2030 et 70 millions en 2050, selon la Banque mondiale. D’ou l’importance vitale de la réussite rapide de la GMV.

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