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Initiative conjointe d'Inter-réseaux et SOS Faim, les Bulletins de synthèse Souveraineté alimentaire visent à produire une synthèse sur un thème lié à la souveraineté alimentaire, à partir d’une sélection de quelques références jugées particulièrement intéressantes. Ils paraissent tous les trimestres et sont diffusés par voie électronique.
Ce quatrième numéro (en pièce jointe au message) s’intéresse aux Organisations de Producteurs face aux pressions foncières en Afrique de l'Ouest.
Au cours des cinq dernières années, 50 à 80 millions d’hectares auraient fait l’objet de transactions foncières dans le monde. Certains rapports publiés récemment indiqueraient même que sur les 10 dernières années, près de 200 millions d’hectares ont été vendus, loués, cédés ou font l’objet de négociations dans le cadre de transactions foncières à grande échelle. Les chiffres sont difficiles à estimer au vu de l’opacité des contrats réalisés, mais 70 millions d’hectares ont déjà fait l’objet d’analyses croisées, qui se fondent sur des données issues du terrain. Les mots différent pour qualifier ce phénomène : « accaparement de terres », « acquisitions ou appropriations à grande échelle », « privatisation et concentration foncière », « investissements fonciers », mais de plus en plus d’acteurs s’accordent sur la nécessité de réguler davantage ces dynamiques, dont les impacts sociaux, économiques et environnementaux sont encore mal appréciés.
L’Afrique apparaît comme la zone la plus touchée, avec 134 millions d’hectares de projets identifiés (dont 34 millions ont déjà fait l’objet de recoupements d’informations), et le phénomène semble voué à s’étendre alors que le continent est en pleine mutation. L’Afrique est en effet confrontée à la fois à une transition démographique et à une transition économique (urbanisation rapide, faible industrialisation, compétition accrue sur les marchés internationaux). Ces nouvelles acquisitions entraînent ainsi une insécurité foncière croissante des populations, dont certaines sont déplacées sans compensation, alors qu’elles n’ont pas d’autres alternatives que l’agriculture et connaissaient déjà des difficultés d’accès à la terre.
L’Afrique de l’Ouest en particulier n’est pas épargnée. Moins touchée initialement que d’autres zones (Afrique de l’Est, Afrique Australe), le phénomène prend aujourd’hui de l’ampleur. Confrontés à un morcellement croissant des exploitations et à une pression foncière accrue, comment les paysans s’organisent-ils pour sécuriser leur terre ? Quelles sont les stratégies développées par les organisations paysannes et la société civile, du niveau local au niveau international ? Quels résultats sont obtenus concrètement sur le terrain ? Cette note se propose de donner quelques éclairages sur ces différents points en s’intéressant plus spécifiquement aux dynamiques en cours en Afrique de l’Ouest.