Martinique : le mal-développement agricole | Land Portal

Pour changer l’agriculture en Martinique, il faut d’abord repenser l’enseignement agricole, afin d’aider les jeunes à se former à l’agroécologie et à l’entrepreunariat agricole.

Comme d’autres départements et régions d’outre-mer, l’île de la Martinique détient quelques tristes records en matière de santé de sa population. Ceux-ci s’expliquent par l’utilisation abusive de pesticides, en particulier dans sa filière banane liée au scandale de la chlordecone, et par une alimentation trop sucrée et trop salée. L’analyse de ces indicateurs nous incite à remonter à la question du développement agricole, qui peut apporter un éclairage sur la santé de la population martiniquaise. En outre, la situation sanitaire a été aggravée par une pandémie Covid-19 frappant une population et un tissu économique déjà fragilisés par des crises sociales (février 2009, novembre 2021 actuellement toujours en cours)

Pour une agriculture nourricière

L’histoire coloniale de la Martinique a fait émerger deux filières agricoles prédominantes, essentiellement tournées vers l’exportation : la  canne et la banane Ces deux productions occupent plus de 50% des sols de la Martinique (avec jachère). L’accès au foncier pour les activités agricoles est difficile sur l’île et les jeunes porteurs de projet sont ainsi peu nombreux à réussir un parcours d’installation qu’ils qualifient de « mât de cocagne » (source recherche JA). En outre, le fonctionnement cloisonné des acteurs institutionnels et professionnels en charge du développement agricole ne contribuent pas à améliorer la situation.

Malgré la promulgation de plusieurs lois (EgalimLabel Rup..), des enquêtesdes rapports et une remise en cause régulière de l’octroi de mer (la dernière : le rapport Ferdi)  la population de la Martinique se nourrit en grande partie (79%) de produits d’importation. Sur place, l’’agriculture bio peine à se frayer un chemin malgré ses potentialités. Sur ce territoire insulaire, le déploiement de l’agroécologie pourrait être synonyme de crise sociale puisque le secteur de la banane, principal employeur, est en décroissance avec une image difficile à délier du scandale de la chlordecone. En ce qui concerne la restauration scolaire et collective, elle est quasiment exclusivement basée sur des produits dont les caractérisques nutritionnelles sont peu connues, importées de l’extérieur (Asie, Océanie, Europe, continent américain).Un projet alimentaire territorial, qui devrait être porté par la collectivité territoriale de Martinique, n’a pas encore rédigé.

Dans ce contexte de crise alimentaire, sanitaire, sociale, économique et environnemental , il conviendrait d’imaginer des leviers pour trouver le chemin d’un developpement agricole vertueux en réponse aux actuelles mutations de la Martinique. Une autre vision économique du développement agricole est possible, mettant au centre le développement humain par les capabilités. Elle permettrait aussi de faire face à la fuite des jeunes et au vieillissement de la population, ainsi qu’aux problématiques de l’emploi chez ces jeunes. Ce défi, à relever collectivement, passera d’abord par la formation avec pour objectif de créer un nouveau vivier de ressources humaines alignées sur ses réalités socio-économiques.

La formation agricole dans l’angle mort

L’enseignement agricole a des missions définies aux articles L.811-1, L,811-2 et R.811-5 à R.811-11 du CRPM, et notamment :

• la formation ;

• l’animation rurale et l’animation au développement des territoires ;

• l’insertion scolaire, sociale et professionnelle ;

• le développement, expérimentation et innovation agricoles et agroalimentaires ;

• la coopération internationale.

Pourtant, aujourd’hui en Martinique comme sur beaucoup d’autres territoires de France, l’enseinement agricole est éloigné voire dépossédé de ses missions de développement et d’animation rurale qui lui conférait son lien fort avec la population de son territoire, les professionnels et le monde de la recherche. Sur une île en forte baisse démoraphique, le nombre de ses apprenants a baissé de manière conséquente ces 10 dernières années dans les filières de production et dans les filières générales. La question se pose de savoir avec qui et comment la Martinique souhaiterait atteindre sa souveraineté alimentaire.

Expérimenter la culture de l’entrepreunariat  

A travers les crises sociales passées et actuelle qui touchent la Martinique et la Guadeloupe, des besoins de changement de paradigmes societaux sont exprimés par des initiatives citoyennes de plus en plus nombreuses (jardins partagés, marchés citoyens.. ). La formation agricole devrait tenir compte de ces mutations, et des nouvaux besoins des consommateurs volontaires pour changer leurs habitudes alimentaires au regard des nombreuses enseignes bio qui s’installent sur le territoire. Elle gagnerait à accompagner les porteurs de projets dans l’expression de leur engagement sociétal en devenant des « agripreneurs ».

Martinique, terre de biodiversité

Située dans l’archipel des Caraîbes, la Martinique a récemment été élue réserve biosphère de l’UNESCO. En effet, l’île est l’un des points chauds de la biodiversité internationale. Plus de 50% des espèces végétales et 42% des espèces de vertébrés terrestres vivent dans ces points chauds. Avec une superficie de seulement 1 105km²,  elle possède une biodiversité remarquable par rapport à sa faible superficie. Si l’on rattache la Martinique à l’ensemble français, elle occupe même le 4ème rang du patrimoine mondial en termes de biodiversité.

Avec ces atouts, et en s’appuyant sur l’agroécologie et un accès au foncier adéquat, une formation adaptée dans le développement agricole pourrait aider les jeunes à se construire et à s’exprimer à travers la transmission, la solidarité, la réciprocité et l’autonomie. Elle pourrait être un ferment pour leur démarche de projets agricoles, qui sont aussi des projets de société.

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