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Les questions d’accès à la terre, reconnues depuis longtemps dans les espaces internationaux et institutionnels, sont encore plus urgentes dans le contexte actuel : tant en raison de la pandémie de COVID-19 qu’avec la publication de la stratégie « de la ferme à la table » de la Commission européenne, qui ont mis en lumière l’importance des systèmes alimentaires locaux qui ne peuvent être maintenus et étendus que s’ils ont accès à des terres agricoles. « Des terres en commun : Stratégies locales d’accès à la terre pour l’agriculture paysanne et l’agroécologie » rassemble des histoires vécues, des expériences pratiques, des outils juridiques et bien d’autres choses encore, afin de faciliter l’accès à la terre pour les paysans et les agriculteurs agroécologiques, les bergers et les éleveurs itinérants, les petits producteurs alimentaires, les habitants , les consommateurs, les personnes et les organisations soucieuses de l’environnement, tout en soulignant leur rôle crucial dans la mise en place d’un système plus durable et plus équitable.
Au cours des dernières décennies, la marchandisation des terres a été un problème croissant sur le continent européen. Ce phénomène résulte d’une combinaison complexe de politiques agricoles et alimentaires, d’accords de libre-échange, de libéralisation dominée par le marché, de politiques énergétiques, de projets miniers et d’infrastructure, ou encore d’urbanisation. Il en résulte la réduction drastique du nombre d’agriculteurs; la concentration des terres entre les mains de quelques-uns; le vieillissement de la population agricole; la volatilité des prix qui empêche les petits exploitants de gagner dignement leur vie, la perte de terres agricoles, la dégradation rapide des sols et des écosystèmes, et l’utilisation des terres comme monnaie d’échange dans la libre circulation des capitaux.
Cependant, « Des terres en commun » prouve que la résistance est fertile et que les mobilisations foncières citoyennes se sont étendues à tout le continent au cours des dernières décennies. Douze approches présentent une variété d’expériences : du mouvement NO TAV, qui existe depuis longtemps en Italie, et dont les actions visant à bloquer la création d’une ligne ferroviaire à grande vitesse ont abouti à des peines de prison pour ses partisans, ou encore de la mobilisation pour « Save Roșia Montană » qui a créé un mouvement international suffisamment important pour empêcher un projet de développement de la plus grande mine d’or à ciel ouvert d’Europe en Roumanie, à la collaboration entre le gouvernement bruxellois et le mouvement foncier citoyen Terre-en-vue pour récupérer des terres à des fins de production alimentaire locale, à la mobilisation croissante des groupes d’agriculture soutenue par la communauté (les AMAP) pour étendre leur solidarité afin de sécuriser les terres des producteurs locaux, ou aux outils pratiques comme la construction de réseaux de distribution pour vendre des produits afin de financer des actions foncières, comme celle que le Mouvement de libération des champs a utilisée pour vendre de la bière en Belgique. Chaque expérience est utile à la fois comme outil autonome, mais aussi en conjonction avec les autres conseils, outils et méthodes inclus.
Le manuel donne également un aperçu des politiques foncières, tant des politiques nationales que des instruments internationaux, qui peuvent être utilisées pour préserver les terres agricoles et en permettre l’accès aux paysans, aux nouveaux agriculteurs, aux travailleurs sans terre, aux communautés locales et pour des méthodes agricoles durables.
Les contributeurs espèrent que les collectifs impliqués dans les luttes locales, les groupes d’activistes fonciers, les organisations paysannes et de petits producteurs, les futurs agriculteurs, les organisations travaillant sur la souveraineté alimentaire et les systèmes alimentaires justes, les groupes de consommateurs, les groupes environnementaux et d’autres organisations alimentaires et environnementales pourront utiliser le manuel pour soutenir leur travail.